Par Yves-Marie Le Lay, Président de l'association Sauvegarde du Trégor. :

Comme
“vous restez résolument ouvert au
dialogue sur la base d’arguments techniques”, je ne doute pas un seul
instant que vous répondiez à ces questions. Et comme je souhaite aussi que ce
débat soit public, je publie dans les colonnes de Bretagne Durable cette
lettre, comme je publierai sa réponse.
Christian Buson affirme : “La présence d’azote dans les
tissus ne veut pas dire que cet azote soit à l’origine des proliférations
algales jugées indésirables : depuis, une trentaine d’années également les
limnologues ont démontré le rôle fondamental du phosphore du milieu aquatique
dans les proliférations excessives de phytoplancton. Or ce phytoplancton
présente la particularité d’utiliser l’azote de l’air, de sorte que l’azote ne
sera jamais limitant”.

question 1 : Intégrez-vous
dans le terme proliférations algales les marées vertes et les jugez-vous au
pire indésirables seulement, et envisagez-vous derrière ce qualificatif assez
vague leur toxicité lorsqu’elles se décomposent ?
question 2 : Pourquoi
vous ne distinguez pas milieu aquatique d’eau douce et milieu aquatique d’eau
de mer, absence de distinction qui vous permet de mettre en avant le rôle du
phosphore dans la prolifération excessive de phytoplancton, ce qui est
incontestable pour le premier milieu, mais contesté par la quasi-totalité de la
communauté scientifique pour le second ?
question 3 : Vous
dites que l’azote n’est pas un facteur limitant de proliférations algales
puisqu’il vient de l’air. Pouvez-vous alors m’expliquer comment le N (l’azote)
de l’air deviendrait du NO3 (le nitrate) profitant à la croissance des algues ?
La mer ou les algues auraient-elles la même qualité de transformer l’azote
atmosphérique en nitrate comme le font certaines plantes terrestres ? Et
pourquoi l’air breton aurait ces qualités exceptionnelles qui permettraient ces
proliférations, qualités que n’auraient pas l’air méditerranéen, mais que vient
d’avoir l’air chinois qui a connu brutalement depuis 2008 des marées vertes
?
Christian Buson affirme : “De même, les suivis effectués
ces dernières années par l’Ifremer et l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne semblent
indiquer l’absence de corrélation entre les biomasses d’ulves et les apports
d’azote printaniers, ce qui entraine l’abandon de l’apport du bassin versant
comme “responsables” des proliférations d’ulves. En outre, ceci confirme
l’inefficacité de la réduction des rejets azotés pour la réduction et à plus
forte raison la maîtrise de ces marées vertes”.
question 4 : Comme
toute la littérature scientifique que j’ai pu lire sur ce sujet, y compris
l’étude des études sur le sujet réalisé par M. Chevasus-au-Louis pour lesMinistères de l’Agriculture et de l’Environnement, dit le contraire de ce
que vous avancez, sauf à avoir très mal lu, pouvez-vous m’indiquer précisément
à quels suivis vous vous référez ? Par ailleurs, si c’était “le phosphore
accumulé après 25 années de politique d’assainissement” qui était la cause
essentielle des marées vertes, pourquoi celles-ci prolifèrent plutôt au
printemps, qu’au mois d’août alors que c’est le mois de surcroît de population
avec l’arrivée de touristes, et donc des rejets domestiques de phosphore les
plus importants ?
Christian Buson affirme : “Les élevages représentent
tout au plus des apports moyens de l’ordre de 140 unités d’azote par hectare et
par an, alors que les besoins des sols cultivés se situent à 240 unités à
l’hectare. Nous sommes très loin de la saturation générale qui fait la une des
médias. Il faudrait parler de “déficits structurels”.Par
ailleurs, vous continuez en précisant : “Nous
ne prétendons pas détenir la vérité, mais chercher à mieux la connaître et
surtout, à partir de la synthèse des connaissances disponibles, à éviter
d’entretenir des illusions ou de poursuivre des objectifs erronés, irréalistes
ou infondés qui épuiseraient inutilement nos énergies et nos moyens, forcément
limités”.
Question subsidiaire : Quelle
est la synthèse des connaissances disponibles qui vous permet de conclure que
les élevages produisent ces 140 unités d’azote par hectare et par an et que les
besoins des sols se situent à 240 unités, et envisagez-vous que vous puissiez
entretenir des illusions et poursuivre des objectifs erronés en produisant ces
chiffres ?