Tribune de Sauvegarde du Trégor, Yves-Marie Le Lay
Assouplissement des normes ! On entend que cela dans la bouche des “acteurs” économiques, pour ne pas dire les chefs d’entreprise. A les écouter, le déclin de notre économie viendrait de là. A la pointe de ce combat, se signalent les éleveurs de porcs.
Au fait, c’est quoi une norme ? C’est une règle, un principe, un critère auquel on se réfère. Pas étonnant alors que dans toute société pacifiée et démocratique, la norme soit la règle. En effet, pour que le fonctionnement de la société ne se réduise pas à la liberté du renard dans le poulailler, les lois
démocratiques sont là pour mettre en oeuvre l’égalité entre les citoyens.
Ainsi, si on assouplit le seuil d’autorisation légale de création d’une porcherie, en le faisant passer de 500 cochons à 1999, cela signifie que la nuisance de ces 1499 cochons supplémentaires ne fera l’objet d’aucune étude spécifique préalable. Ces animaux supplémentaires pollueront-ils davantage les ruisseaux ? Incommoderont-ils les habitations proches ? Aggraveront-ils la production de marées vertes et d’algues bleues toxiques ? On ne le saura qu’un fois que le mal sera fait. Et chacun d’espérer qu’aucun mal ne soit fait... C’est la liberté du porcher dans son voisinage proche ou plus lointain.
Mais, nous répondent ces “libres” éleveurs, c’est notre liberté d’entreprendre qui est en jeu ! Nos concurrents étrangers n’ont pas les mêmes normes que nous ! Ils ne sont pas étranglés par des règles contraignantes de protection de l’environnement. C’est une autre manière de nous dire qu’ailleurs, ils ont droit de polluer, et qu’eux voudraient bien en faire autant au nom du principe de l’égalité entre producteurs.
A vrai dire, cet aveu à demi-mots est une surprise, tant ces mêmes nous répètent chaque jour qu’ils font des efforts pour ne plus polluer. Pourtant, comment mieux garantir un effort quand on accepte la contrainte qui l’oblige ? Est-ce à dire qu’ils n’en feront plus parce qu’ils ne seront plus contraints par les normes à en faire ? Du coup, c’est leur bonne foi qui est en jeu. Voilà qui ébranle la confiance que le citoyen pouvait avoir dans leurs déclarations.
Et cette confiance est d’autant plus ébranlée que leurs concurrents les plus redoutables, les éleveurs allemands n’ont en rien assoupli leurs normes environnementales, pour une raison bien simple : c’est l’Europe qui les dicte. La preuve, la qualité de l’eau de leurs rivières est bien meilleure que celle de nos rivières bretonnes. Donc leur compétitivité ne vient pas de l’assouplissement des normes environnementales, mais d’ailleurs, et entre autres de l’assouplissement des normes sociales, qui permet une baisse des coûts de production et d’abattage.
Le problème économique est bien là pour les éleveurs bretons, celui de l’assouplissement des normes sociales. Donc, ce n’est pas l’assouplissement des normes qu’ils devraient exiger, mais leur durcissement.
Pourquoi ne demandent-ils pas aux autorités de Bruxelles de légiférer pour que soit établi un smic européen ? Ainsi serait mis fin à la distorsion de concurrence qu’ils dénoncent.
Une fois encore les porchers industriels se trompent ce cible. Ils sont prêts à sacrifier la qualité de l’air, de l’eau, de la mer, de notre patrimoine naturel commun pour un profit qu’ils n’obtiendront jamais par ce biais. Ils n’auront rien gagné, et les citoyens auront encore perdu.
Alors on s’étonne que les pouvoirs publics, bien peu inspirés, répondent à cette demande. Les présidences passent, la pollution prospère. Il est vraiment temps que la justice européenne siffle la fin de cette récréation polluante en sanctionnant nos gouvernants par une amende suffisamment forte pour éveiller les consciences citoyennes sur cette désastreuse gestion des affaires publiques.Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor
Au fait, c’est quoi une norme ? C’est une règle, un principe, un critère auquel on se réfère. Pas étonnant alors que dans toute société pacifiée et démocratique, la norme soit la règle. En effet, pour que le fonctionnement de la société ne se réduise pas à la liberté du renard dans le poulailler, les lois
démocratiques sont là pour mettre en oeuvre l’égalité entre les citoyens.
Ainsi, si on assouplit le seuil d’autorisation légale de création d’une porcherie, en le faisant passer de 500 cochons à 1999, cela signifie que la nuisance de ces 1499 cochons supplémentaires ne fera l’objet d’aucune étude spécifique préalable. Ces animaux supplémentaires pollueront-ils davantage les ruisseaux ? Incommoderont-ils les habitations proches ? Aggraveront-ils la production de marées vertes et d’algues bleues toxiques ? On ne le saura qu’un fois que le mal sera fait. Et chacun d’espérer qu’aucun mal ne soit fait... C’est la liberté du porcher dans son voisinage proche ou plus lointain.
Mais, nous répondent ces “libres” éleveurs, c’est notre liberté d’entreprendre qui est en jeu ! Nos concurrents étrangers n’ont pas les mêmes normes que nous ! Ils ne sont pas étranglés par des règles contraignantes de protection de l’environnement. C’est une autre manière de nous dire qu’ailleurs, ils ont droit de polluer, et qu’eux voudraient bien en faire autant au nom du principe de l’égalité entre producteurs.
A vrai dire, cet aveu à demi-mots est une surprise, tant ces mêmes nous répètent chaque jour qu’ils font des efforts pour ne plus polluer. Pourtant, comment mieux garantir un effort quand on accepte la contrainte qui l’oblige ? Est-ce à dire qu’ils n’en feront plus parce qu’ils ne seront plus contraints par les normes à en faire ? Du coup, c’est leur bonne foi qui est en jeu. Voilà qui ébranle la confiance que le citoyen pouvait avoir dans leurs déclarations.
Et cette confiance est d’autant plus ébranlée que leurs concurrents les plus redoutables, les éleveurs allemands n’ont en rien assoupli leurs normes environnementales, pour une raison bien simple : c’est l’Europe qui les dicte. La preuve, la qualité de l’eau de leurs rivières est bien meilleure que celle de nos rivières bretonnes. Donc leur compétitivité ne vient pas de l’assouplissement des normes environnementales, mais d’ailleurs, et entre autres de l’assouplissement des normes sociales, qui permet une baisse des coûts de production et d’abattage.
Le problème économique est bien là pour les éleveurs bretons, celui de l’assouplissement des normes sociales. Donc, ce n’est pas l’assouplissement des normes qu’ils devraient exiger, mais leur durcissement.
Pourquoi ne demandent-ils pas aux autorités de Bruxelles de légiférer pour que soit établi un smic européen ? Ainsi serait mis fin à la distorsion de concurrence qu’ils dénoncent.
Une fois encore les porchers industriels se trompent ce cible. Ils sont prêts à sacrifier la qualité de l’air, de l’eau, de la mer, de notre patrimoine naturel commun pour un profit qu’ils n’obtiendront jamais par ce biais. Ils n’auront rien gagné, et les citoyens auront encore perdu.
Alors on s’étonne que les pouvoirs publics, bien peu inspirés, répondent à cette demande. Les présidences passent, la pollution prospère. Il est vraiment temps que la justice européenne siffle la fin de cette récréation polluante en sanctionnant nos gouvernants par une amende suffisamment forte pour éveiller les consciences citoyennes sur cette désastreuse gestion des affaires publiques.Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor