lundi 6 avril 2015

Pig Parade et image de la Bretagne !

J’ai mal à notre Trégor, j’ai mal à notre Bretagne ! !
Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor membre de la Coordination Verte et Bleue.
Perros-Guirec vendredi 3 avril à Trestraou, se dévoilent ces cochons de béton bariolé, tout de rose artistique vêtus, pour mieux masquer la misère des cochons, les vrais, ceux qui croupissent dans leurs prisons de béton. Et des éleveurs, des élus pour se divertir de la souffrance animale et du drame sourd que vit toute la Bretagne à travers la pollution de ses sols, des ses eaux, de son air, de ses plages. 

Qui nous dit que le lisier comme les marées vertes, ce ne sont pas seulement des odeurs désagréables, mais des gaz comme l’ammoniac et de l’hydrogène sulfuré toxiques ? 
Qui nous dit que chaque fois que nous respirons de l’ammoniac ou de l’hydrogène sulfuré, nous n’avons pas choisi de le respirer ? 
Sans compter les pesticides et les particules fines qui vont avec… 
Voilà à quoi sert la Pig Parade, à rire de toutes les atteintes à notre santé pour que ça aille mieux ! ! !
 
Les Sables d’Olonne, samedi 4 avril au Remblai, 1500 personnes défilent contre un projet de maternité porcine de 23 000 cochons par an en amont à Poiroux. 

La quasi-totalité des organisations politiques, syndicales, associatives y participent, Confédération Paysanne en tête.
Le député-maire local UMP annonce la couleur : « Après avoir saturé et pollué la Bretagne, l'agriculture industrielle porcine cherche à tout prix à s'installer en Vendée, deuxième département touristique français. Nous ne nous laisserons pas faire (....) Comment l'Etat et Mme (Ségolène) Royal peuvent-ils laisser reproduire le dramatique exemple breton ».  

Terrible constat, en Vendée comme partout en France, voilà l’image de la Bretagne, le cochon, le lisier, les algues vertes… 

On comprend mieux pourquoi, il en faut des Pig Parades pour la chasser des esprits, mais en Bretagne seulement, puisqu’ailleurs, ça ne marche plus depuis longtemps. En d’autres temps, sous d’autres cieux, on appellerait tout simplement cette opération de la propagande… ! !
 

Comment est-ce possible ? Qui mène cette mascarade cochonnière ? Bien sûr, les groupements d’éleveurs porcins hors-sols et toute la filière agroalimentaire. Ils ne font que leur sale boulot de pollueurs, en y rajoutant une bonne dose de cynisme. 
Mais rien de tout cela ne serait possible, sans tous les moyens et toute la logistique apportés par les élus des collectivités locales. 
Perros-Guirec d’abord, avec la mise à disposition gratuite des services municipaux. Surtout, alors que cette commune se débat avec ses emprunts toxiques, son maire et son conseil n’hésitent pas à trouver 8 000 euros pour financer cette opération dont on cherche vainement en quoi elle serait utile à la vocation touristique de la commune. Pas sûr que les touristes de Vendée ou d’ailleurs trouvent très attractifs la promotion du lisier et des marées vertes que lui rappelleront nécessairement cette Pig Parade…! !
Ensuite, ajoutons à cette longue liste de donateurs généreux, les milliers d’euros des villes qui la reçoivent : Quimper, Brest, Pontivy, Fougères, Rennes. 

Enfin, les Conseils Départementaux des Côtes d’Armor, du Morbihan, de l’Ile et Vilaine. Que d’élus en situation de gouvernance, de tous bords politiques, pour encourager la pollution et se moquer de notre santé avec l’argent de nos impôts ! 
Où sont ceux qui défendent à juste titre le Trégor contre les extractions de sable en Baie de Lannion ? Invisibles dès qu’il s’agit de la pollution de l’agriculture hors sols. Il est visiblementplus facile et plus glorieux de se battre contre un Grand Satan qui vient de là-bas aux confins de la Bretagne que contre mille petits satans bien de chez nous qui empoisonnent notre environnement.! !
Devant tant d’irresponsabilité et de lâcheté, j’ai mal à notre Trégor, j’ai mal à notre Bretagne.
Pourquoi mériterions-nous cela ? Pour la défense d’une économie précaire qui ne fonctionne qu’à coups de casse et de subventions, qu’à coups de bas salaires et de conditions de travail déplorables ? Tout cela pour le profit de quelques banques, de coopératives, de dirigeants du syndicat agricole majoritaire ? ! !
Fort heureusement, dans la cité, aucun mal n’est incurable. Des citoyennes et des citoyens, des associations répondent à cette Pig Parade par une Pig Mascarade. 

Vendredi à Trestraou, une artiste a inauguré le début de toute une série de manifestations pour dénoncer cette mauvaise farce. Elle a dessiné sur la plage une fresque éphémère parsemée de ces queues de cochon coupées, symbole de cette industrialisation du vivant et de sa maltraitance, symbole d’un territoire souillé. 
Tous les artistes sont sollicités pour prendre le relais et opposer à ces cochons de béton des oeuvres qui disent la pollution dont nous sommes victimes. Pour que nous n’ayons plus honte d’être bretons, levons-nous de ville en ville pour dire tout haut avec la Pig Mascarade que nous ne voulons plus être les sacrifiés de l’agriculture industrielle porcine.! !