samedi 1 septembre 2012

Questions à Monsieur Buson


Par Yves-Marie Le Lay, Président de l'association Sauvegarde du Trégor. :
Je connais Jean-Yves Piriou depuis de nombreuses années. Je le sais intègre et rigoureux. La justice l’a condamné (jugement) pour vous avoir traité de "charlatan", bien qu’il s’en soit expliqué au préalable. J’en prends acte. Pourtant je me résignerais à penser que l’échange entre vous est lui relève de la simple controverse scientifique et non d’un déni de l’origine des marées vertes qu’à la condition que vous répondiez aux quatre questions sur les points de votre hypothèse que vous exposez dans un entretien sur le site de l'Institut de l'Environnement. 
Comme “vous restez résolument ouvert au dialogue sur la base d’arguments techniques”, je ne doute pas un seul instant que vous répondiez à ces questions. Et comme je souhaite aussi que ce débat soit public, je publie dans les colonnes de Bretagne Durable cette lettre, comme je publierai sa réponse.
Christian Buson affirme : “La présence d’azote dans les tissus ne veut pas dire que cet azote soit à l’origine des proliférations algales jugées indésirables : depuis, une trentaine d’années également les limnologues ont démontré le rôle fondamental du phosphore du milieu aquatique dans les proliférations excessives de phytoplancton. Or ce phytoplancton présente la particularité d’utiliser l’azote de l’air, de sorte que l’azote ne sera jamais limitant”.
 question 1  : Intégrez-vous dans le terme proliférations algales les marées vertes et les jugez-vous au pire indésirables seulement, et envisagez-vous derrière ce qualificatif assez vague leur toxicité lorsqu’elles se décomposent ?
question 2 : Pourquoi vous ne distinguez pas milieu aquatique d’eau douce et milieu aquatique d’eau de mer, absence de distinction qui vous permet de mettre en avant le rôle du phosphore dans la prolifération excessive de phytoplancton, ce qui est incontestable pour le premier milieu, mais contesté par la quasi-totalité de la communauté scientifique pour le second ?
 question 3  : Vous dites que l’azote n’est pas un facteur limitant de proliférations algales puisqu’il vient de l’air. Pouvez-vous alors m’expliquer comment le N (l’azote) de l’air deviendrait du NO3 (le nitrate) profitant à la croissance des algues ? La mer ou les algues auraient-elles la même qualité de transformer l’azote atmosphérique en nitrate comme le font certaines plantes terrestres ? Et pourquoi l’air breton aurait ces qualités exceptionnelles qui permettraient ces proliférations, qualités que n’auraient pas l’air méditerranéen, mais que vient d’avoir l’air chinois qui a connu brutalement depuis 2008 des marées vertes ?  

 Christian Buson affirme : “De même, les suivis effectués ces dernières années par l’Ifremer et l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne semblent indiquer l’absence de corrélation entre les biomasses d’ulves et les apports d’azote printaniers, ce qui entraine l’abandon de l’apport du bassin versant comme “responsables” des proliférations d’ulves. En outre, ceci confirme l’inefficacité de la réduction des rejets azotés pour la réduction et à plus forte raison la maîtrise de ces marées vertes”.
 question 4 : Comme toute la littérature scientifique que j’ai pu lire sur ce sujet, y compris l’étude des études sur le sujet réalisé par M. Chevasus-au-Louis pour lesMinistères de l’Agriculture et de l’Environnement, dit le contraire de ce que vous avancez, sauf à avoir très mal lu, pouvez-vous m’indiquer précisément à quels suivis vous vous référez ? Par ailleurs, si c’était “le phosphore accumulé après 25 années de politique d’assainissement” qui était la cause essentielle des marées vertes, pourquoi celles-ci prolifèrent plutôt au printemps, qu’au mois d’août alors que c’est le mois de surcroît de population avec l’arrivée de touristes, et donc des rejets domestiques de phosphore les plus importants ?

 Christian Buson affirme : “Les élevages représentent tout au plus des apports moyens de l’ordre de 140 unités d’azote par hectare et par an, alors que les besoins des sols cultivés se situent à 240 unités à l’hectare. Nous sommes très loin de la saturation générale qui fait la une des médias. Il faudrait parler de “déficits structurels”.Par ailleurs, vous continuez en précisant : “Nous ne prétendons pas détenir la vérité, mais chercher à mieux la connaître et surtout, à partir de la synthèse des connaissances disponibles, à éviter d’entretenir des illusions ou de poursuivre des objectifs erronés, irréalistes ou infondés qui épuiseraient inutilement nos énergies et nos moyens, forcément limités”.
 Question subsidiaire : Quelle est la synthèse des connaissances disponibles qui vous permet de conclure que les élevages produisent ces 140 unités d’azote par hectare et par an et que les besoins des sols se situent à 240 unités, et envisagez-vous que vous puissiez entretenir des illusions et poursuivre des objectifs erronés en produisant ces chiffres ?