Tribune libre d'Yves-Marie Le Lay, Président de Sauvegarde du Trégor
Bretagne, république porchère
La Bretagne n’a pas de bananes, mais elle a des cochons. Et comme avec les bananes jadis, s’est construit un gouvernement d’une région où l’argent des cochons, et leurs frères poulets et bovins, l’emporte sur les droits des citoyens.
Hier s’est déroulée une bien curieuse manifestation à Hillion. Un homme a été jeté à la vindicte populaire par 150 exploitants de ces animaux martyrisés du hors sol.
Ils s’en sont pris à ses intérêts personnels, lui reprochant l’illégalité d’une construction privée. Depuis quand en République une bande de braillards dit le droit ? De quoi sont-ils juges ? Ont-ils même écouté la maire de la commune qui leur donnait tort en leur disant que Monsieur Ollivro est dans les normes ? Ils en avaient que faire, puisqu’ils se proclamaient de fait tribunal populaire. Tribunal populaire, voilà un mot qui fait froid dans le dos. L’histoire parle. La Bretagne n’a pas de bananes, mais elle a des cochons. Et comme avec les bananes jadis, s’est construit un gouvernement d’une région où l’argent des cochons, et leurs frères poulets et bovins, l’emporte sur les droits des citoyens.
Hier s’est déroulée une bien curieuse manifestation à Hillion. Un homme a été jeté à la vindicte populaire par 150 exploitants de ces animaux martyrisés du hors sol.
Ce n’est pas encore les pogroms ni la nuit de cristal, mais c’est déjà du registre de l’émeute contre les biens privés d’une personne. Imagine-t-on une manifestation contre un voisin parce qu’on contesterait la propriété de ses biens ? Imagine-t-on une société où n’importe qui se fait juge à la petite semaine et réclame avec quelques amis les fruits de son jugement ?
C’est pour éviter ce chaos social que la République existe. Et la République dit que seuls ses Tribunaux rendent justice. Si ces émeutiers de l’agro-business reprochaient à Monsieur Ollivro de ne pas respecter le droit, alors qu’ils saisissent ces tribunaux ! C’est d’ailleurs très précisément ce qu’il fait quand il juge avec son association que leurs exploitations ne sont pas aux normes. Et c’est bien parce qu’il obtient souvent gain de cause devant les tribunaux, qu’ils étaient là à lui reprocher de ne pas les laisser polluer tranquillement les rivières et la mer, au mépris des lois de la République et du bien commun !
La république porchère, qui est la négation même de la République commence là. Mais elle a besoin pour prospérer de la démission des gouvernants, l’amnésie des élites et le brouillage des médias.
Dans n’importe quelle région de France et d’Europe, il se serait trouvé au moins une poignée d’élus pour condamner ce coup de force contre la démocratie. En avez-vous entendu un en Bretagne ? Dans n’importe quelle région de France et d’Europe, il se serait trouvé une personnalité publique quelconque pour dénoncer ces faits. On attend toujours cette voix. Dans n’importe quelle région de France et d’Europe, au moins un média aurait signalé avec force ces dérives démocratiques. Qu’avons-nous su à travers les informations qu’ils nous donnaient, si ce n’est que des exploitants de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs accusaient M. Ollivro de n’être pas dans les normes, sans dire qu’ils avaient tort et que ce n’était pas eux de juger. Se faisant les porte-voix des organisateurs de cette manifestation séditieuse, ils la réduisaient paresseusement à un différent entre M. Ollivro et eux, alors qu’ils avaient connaissance depuis la vieille du soutien de toutes les associations écologistes à l’un de leurs emblématiques représentants.
Dans une république porchère seul compte l’argent dégagé par les exploitations hors-sol. C’est lui qui a tous les droits, au nom de l’emploi, au nom de l’économie, au nom même du patriotisme breton. Il suffit que chacun l’intègre consciemment pour les plus cyniques, inconsciemment pour le plus grand nombre. Contre le privilège de l’argent ne prévaut plus le droit des gens. A partir de là tout devient “normal”. On s’habitue et on accepte tout puisqu’on ne voit rien d’autre que le privilège de l’argent que l’on appelle la nécessité économique. Ironie de l’histoire, cette violation des droits s’est déroulée sur les lieux mêmes ou vécut le philosophe Palante, voilà un siècle. Comme un écho prémonitoire, souvenons-
nous de son avertissement :
“Il arrivera un moment où les chaînes sociales ne blesseront presque plus personne, faute de gens suffisamment épris d’indépendance et suffisamment individualisés pour sentir ces chaînes et pour en souffrir”.
Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor
Dans une république porchère seul compte l’argent dégagé par les exploitations hors-sol. C’est lui qui a tous les droits, au nom de l’emploi, au nom de l’économie, au nom même du patriotisme breton. Il suffit que chacun l’intègre consciemment pour les plus cyniques, inconsciemment pour le plus grand nombre. Contre le privilège de l’argent ne prévaut plus le droit des gens. A partir de là tout devient “normal”. On s’habitue et on accepte tout puisqu’on ne voit rien d’autre que le privilège de l’argent que l’on appelle la nécessité économique. Ironie de l’histoire, cette violation des droits s’est déroulée sur les lieux mêmes ou vécut le philosophe Palante, voilà un siècle. Comme un écho prémonitoire, souvenons-
nous de son avertissement :
“Il arrivera un moment où les chaînes sociales ne blesseront presque plus personne, faute de gens suffisamment épris d’indépendance et suffisamment individualisés pour sentir ces chaînes et pour en souffrir”.
Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor