mercredi 13 mars 2013

Le porc de l'angoisse, dans Sine Mensuel

Tout est bon dans le cochon, mais une vie de cochon, c’est loin d’être bon. Quelque 96% des 2 000 porcs tués chaque joue en France proviennent de l’élevage industriel. 
Le porc de l’angoisse - Siné mensuel N°17 février 2013 – Nicolas Millié -
http://www.sinemensuel.com/ 
 La vie d’un cochon, on le sait – n’est-ce pas ? – n’y est pas rose. Dès sa naissance, l’animal est traité comme un cadavre. On le castre à vif, lui tranche la queue à vif, lui rabote les dents à vif. Entravé par la promiscuité durant ses six mois d’existence, il ne connaîtra aucun plaisir, pas même celui de se reproduire puisqu’on lui préfère un pistolet inséminateur. La logique capitaliste d’exploitation illimitée trouve une absurde autant que cruelle application dans l’état constant de gestation où sont maintenues les truies. Dispensées de séances de sophrologie, elles ne peuvent remuer une mamelle et assouvissent leur instinct maternel d’élaborer un nid protecteur en se dévastant la denture contre les barreaux de leur stalle. A ces violences « obligatoires ?? » se confondent celles, superfétatoires, prodiguées par le personnel, qu’ont toutes révélées les incursions menées par des organisations de défense des bêtes, type Peta, et dont l’énumération serait trop pénible.
Ces fourmilières porcines n’implosent pas grâce aux 675 tonnes d’antibiotiques déversées chaque année. Sans cela, aucun individu ne résisterait aux émanations d’excréments, vomi, placenta, sans, seringues brisées. car tout est bon dans le cochon – jusqu’aux os repensés en croquettes pour chienchien à sa mémère – sauf la merde. En sus d’être un mauvais engrais, qu’il faut valoriser avant épandage, – et bonjour les algues vertes… -, le lisier est d’une toxicité à peine croyable. Azoté, il contient de l’ammoniaque, des métaux lourds, sulfates, nitrates, phosphore, cyanure, 250 substances au total sans compter les microbes qui déjouent la vigilance antibio. La volatilisation de toutes ces saloperies pourrait être réduite de 50% si ces animaux, qui disposent aux dires des éthologues de l’intelligence d’un enfant de 3 ans, croupissaient sur de la litière; mais cela est trop coûteux. leur confinement s’effectue sur des sols ajourés (caillebotis) d’où le lisier coule jusqu’à des fosses, puis des cuves où il mijotera quelques mois avant d’être pulvérisé aux quatre vents. De là principalement montent les odeurs atroces trahissant la pourriture interne de la filière porcine, qui a bricolé un nombre faramineux de cache-misère inefficaces. Filtration de l’air, alimentation parfumée, digesteur anaérobique, modification du PH du lisier… car contrairement au fumier des bovins, aucune croute ne se forme à sa surface, trop liquide.
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Aux effets nocifs de cette puanteur déjà recensés sur les populations voisines de ce type d’élevage, tels que maux de tête, brûlures pulmonaires, moral en berne – pour ne rien dire des souffrances des travailleurs de ce secteur qui n’embauche pas que des sadiques congénitaux -, une récente étude de la revue Environmental Health Perspectives ajoute une élévation de la tension artérielle, occasionnée par l’hydrogène sulfuré. un problème sanitaire préoccupant, hélas pas sur le point de s’arranger. Puisque si leur nombre diminue, la taille des élevages intensifs s’accroît.