jeudi 9 janvier 2014

Un mauvais coup porté à la Bretagne, avec le décret facilitant les porcheries jusqu'à 2000 cochons



31 décembre 2013 : un décret facilite la création ou l’extension de porcheries. Un mauvais coup porté à la Bretagne.

C’est fait. Le gouvernement Ayrault a tenu ses promesses aux représentants de la profession porcine hors sols. Il confie le soin d’autoriser l’ouverture d’une porcherie de 2000 cochons aux seuls préfets, y compris à ceux-là même, en Finistère et Côtes d’Armor, qui ont été condamnés par la justice en 2007 et 2009 à la demande de nos associations pour laxisme dans l’application de la loi sur les installations classées dont relève ce type d’élevage hors sols. Grâce à eux le lisier a coulé à flots dans nos rivières et a provoqué les marées vertes. Et on nous demande de faire confiance en ces récidivistes ?  
Mais désormais, plus aucun citoyen ne pourra à l’issue d’une enquête publique contester des bilans azotés falsifiés, des plans d’épandages fantaisistes, ou autres manquements à la loi sur les installations classées. Plus aucun citoyen sur la base de ces manquements, puisqu’il ne les connaîtra pas, ne pourra ester en justice pour annuler l’autorisation de ces porcheries polluantes.  
Par contre, chacun, en sa qualité de contribuable pourra abonder en aides publiques tous les acteurs de la pollution, Chambres d’Agriculture surtout, dans les xèmes plans de reconquête de la qualité de l’eau rendus encore plus inopérants par cette mesure.  
Il ne suffisait pas à la profession porcine d’exercer son activité dans le seul pays européen à n’appliquer la Directive nitrate que sur la base du volontariat suscité par des aides publiques, comme dernier en date, dans les plans Algues Vertes. Il lui fallait en plus “libérer les énergies” comme le réclament tant les bonnets rouges, y compris et surtout les énergies polluantes. Alors qu’en Europe partout la traçabilité du lisier est la règle, aujourd’hui en France et plus particulièrement en Bretagne, elle sera rendue encore plus opaque, et aggravera inévitablement la pollution des eaux. 
Même si cette mesure fait plaisir aux bonnets rouges, elle est un mauvais coup porté à la Bretagne par le gouvernement parisien inféodé aux intérêts de quelques groupes privés bretons. Chaque fois que l’Etat de droit recule, c’est la politique du lisier qui avance, et avec elle la pollution. 
C’est pour ces raisons que nos associations condamnent bien sûr cet arrêté. Surtout elles continueront à se battre par tous les moyens à leur disposition pour que toutes les Bretonnes et Bretons puissent vivre et travailler sans polluer en Bretagne.    



L'association Eau et Rivières de Bretagne dénonce une « mesure extrêmement négative » qui va « favoriser la concentration des élevages et amplifier les pertes d'emplois dans l'agriculture ». Or, la Bretagne, « qui représente 58 % de la production nationale de porcs, a déjà perdu le quart de ses exploitations porcines entre 2000 et 2010 », souligne l'association.
Elle y voit «un nouveau recul après la diminution des surfaces exigées pour l'épandage du lisier». En juin, la Cour de justice européenne a dénoncé le manquement de la France à ses obligations en matière de lutte contre la pollution aux nitrates. Eaux et Rivières compte saisir la Commission européenne et envisage un recours en annulation de décret auprès du Conseil d'État.