Auteur : Gilles Willems, pour le Comité
de soutien à la famille de Thierry Morfoisse et Sauvegarde du Penthièvre
SOMMAIRE
L’accident.
La mort d’un cheval qui cache
celle d’un homme.
Une affaire politique.
Des choix difficiles.
Une affaire qui devient sordide.
L’affaire
est close ?
La constitution du Comité de soutien à la famille de Thierry
Morfoisse.
L’Affaire Morfoisse au Pôle Santé
de Paris.
►L’accident.
Le
mercredi 22 juillet 2009, sur la route de Launay-Lantic / Binic en
Côtes-d’Armor, Thierry Morfoisse, chauffeur de camion pour l’entreprise
SCREG-Nicol-Environnement, âgé de 48 ans, a un malaise au volant de son
véhicule qui termine sa course, lentement, dans un mur. Il sort de la cabine de
son camion, est pris de vomissements et s’écroule au sol. Il est immédiatement
secouru par trois témoins, un couple de médecins de Binic et un gendarme en
vacance qui suivaient séparément le camion en direction de Binic. Le chauffeur
est dans le coma, ils tentent de le réanimer, en vain et appellent les secours.
Thierry Morfoisse meurt au pied de son camion avant l’arrivée du SAMU vers 15h.
Le gendarme témoin déclarera le plus
dur, est qu’il m’a lâché dans les mains.
Cet
après-midi là[1],
Thierry Morfoisse remplace, un collègue qui avait fait un malaise, avec
saignement de nez, en transportant, lui aussi, des bennes d’algues vertes et
avait stoppé son service à midi. Thierry Morfoisse avait laissé à l’heure du
déjeuner, un dernier message à sa compagne où il disait « putain d’algues,
j’en ai marre !». Il quitte le SMITOM[2]
de Launay-Lantic où il avait déchargé sa troisième benne d’algues vertes en
putréfaction provenant des plages de Binic à 14h45. C’était le transport de
trop, car moins d’un quart d’heure après, il s’écroulait inanimé au bas de son
camion sur la route de Binic, en allant chercher un quatrième chargement.
Contrairement aux employés du SMITOM, Thierry Morfoisse (et ses collègues)
n’était pas équipé de détecteur d’H2S et n’avait pas de masque [3].
Les
parents et la fille de Thierry Morfoisse, effondrés, ne pourront voir son corps
que le lendemain, à midi moins le quart, non pas à l’hôpital de St Brieuc,
comme ils l’avaient pensé, mais à la chambre funéraire de Lanvollon où le corps
avait été directement envoyé par l’entreprise de pompes funèbres. Son visage
était totalement cyanosé malgré le maquillage effectué et ses mains totalement
noirâtres. Le certificat de décès indique pourtant une mort naturelle ?
Très tôt, le doute
sur l’origine du décès s’installe. François Morvan, le maire de Lanvollon,
l’évoque dés le lendemain de l’accident avec l’un des employés de sa commune.
Il apprend que le fils de ce dernier travaille lui aussi à convoyer des algues.
Qu’il vient de prendre trois jours de RTT parce qu’il a mal à la tête (était-ce
le salarié que remplaçait Thierry Morfoisse ?)… Les conditions et les
risques sanitaires du travail sont évoqués Au chargement, je ne pense pas
qu’il y ait de problème. Mais lorsqu’il décharge, l’employé se prend une
bouffée en ouvrant les portes du caisson. Or il semblerait que l’un des
chargements attendait sur la plage depuis la veille déclare-t-il.[4]
Les
dirigeants et collègues du chauffeur de la SCREG se rendent à la chambre
funéraire. Ils sont accompagnés de
l’ancien « patron », Mr Nicol, qui s’adresse à la famille. Il
rend un hommage sincère au chauffeur en déclarant
que c’était « un gars courageux, sérieux et consciencieux » en
ajoutant aussi que sa mort est « un accident du travail[5] ».
Les
parents et la fille[6]
de Thierry Morfoisse sont trop anéantis pour faire le lien entre l’infarctus et
l’H2S dégagé par les algues en putréfaction et ne peuvent réagir immédiatement
à cette réflexion importante.
Cet
accident mortel est très certainement connu et suivi de près à la préfecture
dès les premières heures du décès du chauffeur. Comment, en effet,
sérieusement, envisager l’inverse sur un sujet si délicat et brulant, d’autant
plus que la mort ne touche plus des animaux mais un salarié travaillant au
processus du nettoyage des côtes du département. Cela en pleine saison
touristique. Aucune information ne filtre dans la presse locale ou nationale.
►Contexte costarmoricain
à l’origine d’un silence.
En
ce début de vacances estivales 2009, deux sujets dominent la France : le
temps, assez capricieux et l’épidémie
de grippe H1N1. Au plan local, la
Bretagne tente de panser ses plaies liées à son modèle de production agricole
et au désastre économique, social et environnemental qu’il provoque.
Avec l’affaire des deux
chiens empoissonnés par les gaz des algues en décomposition, l’année
précédente, le 12 juillet 2008 à Hillion en baie de St Brieuc (évènement qui a
attiré les médias internationaux et terni l’image de la Bretagne et son mode de
production agricole intensif) les langues se délient : les algues vertes
tuent. Avant la mort de ces deux chiens, ce n'est pas un ou deux animaux qui
sont morts, mais en dix ans, près de 30 chiens consignés dans un registre de la
mairie d'Hillion... Sans compter les oiseaux morts et plusieurs chevaux dont la
mort fut attribuée à leur faiblesse physique.
Dans la plainte d'Aurore
Blairon (la propriétaire des chiens), il se confirme que la justice peut
retenir la culpabilité de l'ensemble des élus municipaux, ceux de la communauté
d'agglomération et le gestionnaire de la réserve naturelle. Cela, dans le cadre
du non respect des directives de précautions rendues obligatoires, par la
lettre qu’a adressé le préfet des Côtes d'Armor le 1er octobre 2007 aux maires
du département, pour qu'ils prennent des mesures de précaution, notamment
auprès du public et des travailleurs en contact (long ou répété) avec les
algues en décomposition.
Cette directive
préfectorale s’inscrivait en réponse au procès, contre l’Etat, intenté par les
associations environnementales bretonne en 2003/2004 pour faire reconnaître le
non respect des directives européennes sur l’eau et le danger de l’hydrogène
sulfuré dégagé par les algues vertes en décomposition[7].
Dans ce contexte, la
plainte d’Aurore Blairon, déposée en gendarmerie, prend des proportions
importantes. Il faut étouffer l'affaire qui est rapidement classée sans suite
par le procureur.
Dans le cadre de la
préparation d'une conférence du docteur Claude Lesné du CNRS et du Département
de Santé Publique de l'Université Rennes I, à St Michel en Grève (baie de
Lannion), sur la toxicité de l'hydrogène sulfuré issue des algues vertes, un
courrier est envoyé par Yves-Marie Le Lay (Président de Sauvegarde du Trégor)
au préfet pour connaître les causes de la mort des chiens. La réponse du
Préfet, en contradiction avec sa lettre envoyée aux maires du département le 1er
octobre 2007, minimise totalement la dangerosité des algues en décomposition.
Le message est clair, il ne faut pas affoler les populations, les touristes et
pour d'autres raisons fâcher les tenants de l'industrie agro-alimentaire
intensive.
Au cours de la conférence,
qui se tient le 26 septembre 2008, des témoins se font connaître : Pierre
Philippe, médecin urgentiste à Lannion a traité des accidents graves liés aux
algues en décomposition sur les plages du secteur de St Michel. Il a d'ailleurs
plusieurs fois alerté la DDASS des Côtes d'Armor sur ce danger. Une de ces
victimes, Maurice Briffaut, témoigne : employé au ramassage des algues de
St Michel, il fut gravement intoxiqué en juillet 1999. Il est resté 5 jours
dans le coma et plusieurs mois à l'hôpital. Il a été sauvé d'extrême justesse.
Pierre Philippe rappelle aussi la mort de Jacques Therin, le jogger mort en
1989 et l'hypothèse de sa mort par l'hydrogène sulfuré, évoquée à l'époque par
Ouest-France...
L’épisode médiatique de la
mort des chiens et la plainte de leur propriétaire ne fait que renforcer la
position jusqu’au-boutiste des tenants du modèle breton de l’agro-industrie
intensive. Pour eux, les algues vertes ne sont pas dangereuses et encore moins
mortelles et pour beaucoup, leurs soucis économiques et sociaux sont imputables
aux écologistes qui veulent imposer de nouvelles normes restrictives de
production. L’épisode Thalassa vient renforcer, le 09 avril 2009, cette dérive.
Un déchainement haineux se déverse contre Georges Pernoud qui est menacé et ne
doit plus remettre les pieds dans le département.
En ce début d’année 2009,
le monde agricole breton est en crise profonde. La situation des éleveurs de
porcs est fragile, voire désespérée : concurrence, augmentation du prix
des aliments, baisse au cadran, faillites et suicides. Une grande manifestation
est organisée le 30 avril à St Brieuc. Le 14 juin, c’est au tour des éleveurs
laitier de manifester à St Brieuc. Dans la soirée le centre ville, autour de la
Préfecture et de la cathédrale, est saccagé.
En ce début de saison
estivale, tout est fait par les autorités locales pour redorer l’image
touristique des côtes bretonnes et particulièrement celles des Côtes d’Armor.
Il faut effacer l’image désastreuse donnée l’année précédente avec la mort des
deux chiens à Hillion et surtout combattre l’image laissée par l’émission de
Thalassa. La convergence de ces éléments explique le silence sur l’accident
professionnel mortel du chauffeur de la SCREG dans la presse locale. Dans les
médias nationaux, le danger sanitaire ne vient plus de la mer mais du ciel,
avec l’opération orchestrée par Roselyne Bachelot autour du risque de grippe
aviaire.
Les efforts déployés pour
offrir au touriste une autre image des Côtes d’Armor sont vains. Car la
dangerosité des algues vertes réapparaît moins d’une semaine après la mort de
Thierry Morfoisse, le 28 juillet.
►La mort d’un cheval qui cache celle d’un homme.
Le 28 juillet, à St Michel
en Grève, un cavalier, Vincent Petit s'enfonce involontairement dans une
matière vaseuse, d'algues vertes et de sable, avec son cheval qu'il tenait à la
bride. Il s'écroule très rapidement inanimé dans les algues et est sauvé par un
employé chargé de leur ramassage avec son tractopelle. Le cheval, qui était en
très bonne santé est foudroyé, en moins de deux minutes, par l'hydrogène
sulfuré qui se libère sous son poids. Ce nouveau drame se déroule à quelques
centaines de mètres d'où Maurice Briffaut est tombé dans le coma dix ans plus
tôt et certainement dans les mêmes conditions que Jacques Thérin mort en
89 !
Les premiers articles
locaux parlent d'un cheval étouffé dans la vase, mais non d'hydrogène sulfuré,
alors que ce gaz était fortement évoqué vingt ans plus tôt ! La mort du
cheval éclipse la mort frôlée de près de son cavalier[8] et éclipse totalement la mort de Thierry Morfoisse...
9 août, manifestation
organisée par Sauvegarde du Trégor à St Michel en soutien à René Ropars son
maire. Le mot d'ordre principal est : que les coupables de la pollution
soient identifiés, que les préfets des Côtes d'Armor et du Finistère ne se
défaussent pas sur un élu à qui personne ne peut rien reprocher. Une
première campagne de plaintes individuelles est lancée à cette occasion.
La pression médiatique
devient forte pour le gouvernement. Chantal Jouanno diligente une étude sur la
toxicité des marées vertes pour le Premier Ministre François Fillon qui se
déplace le 20 août à St Michel. Il est entouré de sa Secrétaire d'Etat, des
ministres Bruno Le Maire et Roselyne Bachelot, du député Marc Le Fur, puis
viennent derrière, les représentants des syndicats de l'agro-alimentaire et des
Chambres d'Agricultures.
Puis Fillon reçoit, pour un
entretien informel, hors caméras et micros, les représentants des associations
qui luttent et dénoncent depuis des décennies la dangerosité de ces pollutions.
Ils semblent peu écoutés et seul le témoignage de Maurice Briffaut rend
attentif le Premier Ministre. La seule annonce qui conclue ce déplacement est
le lancement d’un Plan Algues Vertes.
►Une affaire politique.
Le lendemain, Thierry
Burlot Président du SMITOM de Launay-Lantic est interviewé. Il rentre de
vacances et est très inquiet[9]. Ce dossier
des algues vertes prend une nouvelle tournure… pour la santé publique de tout
un chacun, c’est un sujet dangereux.
En ne se limitant qu'aux cas des animaux morts, il ajoute inquiet que ces
algues peuvent représenter un vrai péril pour la santé publique. Pour lui
le plan Fillon ne va pas assez loin et il pose la question Qui demain sera
responsable s'il y a de nouveaux drames ?(…) Peut-on garantir en tous temps la sécurité des ouvriers qui vont
travailler autours de ces produits. A la question concernant la
dangerosité des algues vertes pour les personnes qui les transportent, il
précise que c’est toute une filière qui
est concernée et aujourd’hui dans les propositions du Premier Ministre, ces
questions ne sont pas abordées, mais elles sont fondamentales. Peut-on garantir
en tous temps la sécurité des ouvriers qui vont travailler autour de ces produits.
On sait bien que c'est le modèle agricole breton tel qu'il a vécu qui est
aujourd'hui à l'origine de tout cela. Avant de critiquer les propositions
Fillon, basées essentiellement sur le ramassage et le traitement des algues
vertes. Pour Thierry Burlot se profile un désengagement de l'Etat pour réformer
l'ensemble de la filière agro-alimentaire et un risque de plus en plus accru de
voir les maires des communes littorales comme seuls responsables des drames
liés aux algues vertes[10].
Le sujet de la dangerosité
des algues vertes et de ses conséquences sur la santé publique devient une
préoccupation insoluble pour les acteurs politiques (même si certains nient
encore le danger) et derrière la mort foudroyante du cheval perce celle du
chauffeur au bas de son camion. De la mi-août à septembre les langues se
délient, des salariés se confient et témoignent anonymement[11], car les pressions sont réelles pour les obliger à se
taire au sujet de leurs conditions de travail.
►Des choix difficiles.
C’est le 29 août que les
parents de Th. Morfoisse rencontrent pour la première fois, une personnalité
officielle depuis l’enterrement de leur fils en la personne de Thierry Burlot
qui les reçoit à la mairie de Lanvollon avec François Morvan. Th. Burlot
téléphone à la SCREG et au cours de la conversation, avec un responsable, les
parents apprennent (au sujet des frais d’obsèques qu’ils ont eux-mêmes réglés)
que la société a déjà versé suffisamment d’argent et qu’elle ne souhaitait plus
en donner.
Ils sont très étonnés de
cette réponse et protestent auprès de Th. Burlot en expliquant qu’ils ne sont
pas là pour de l’argent et que, ni eux, ni leur petite fille n’en ont demandé à
quiconque et qu’ils n’en ont pas reçu de l’entreprise. Ils sont devant lui pour
connaître la vérité sur les conditions exactes de la mort de leur fils afin que
le drame qu’ils connaissent ne se reproduise plus. Pour eux en effet, la mort
naturelle ne tient pas. Mais ils pensent qu’au contraire que, comme dans
l’affaire des chiens ou du cheval, la mort de leur fils est liée aux algues
vertes et à son travail, à ces bennes supplémentaires qu’il n’aurait jamais dû
transporter. C’est au cours de cet entretien que Th. Burlot leur conseille de
porter plainte et de demander une autopsie de leur fils.
Si
ce dernier point est une solution pour faire la lumière sur le décès,
psychologiquement c’est une solution très violente que ne peuvent accepter ces
parents minés par la peine. Pour eux, les faits parlent d’eux mêmes et ils sont
renforcés par la mort du cheval. Il est donc totalement inconcevable que leur
fils soit extrait de sa dernière demeure. Il faut le laisser en paix. Ils
refusent donc l’autopsie. Quand à porter plainte, ils ne sont pas prêts non
plus car c’est une démarche qui leur est totalement étrangère. Ils n’en ont par
ailleurs pas les moyens. Quelques jours plus tard Thierry Burlot évoque
l’entretien : je me suis engagé à
respecter leur volonté. Je ne solliciterai donc pas d'autopsie. Par ailleurs,
lors de cette rencontre, je leur avais dit que j'écrirais au préfet: c'est ma
responsabilité en tant que président du centre. Car si le décès a un lien avec
le transport des algues, cela aura des conséquences infinies sur le
fonctionnement de nos collectivités[12].
Tout début septembre,
Thierry Burlot, tient parole et écrit au préfet. Il provoque ainsi une enquête
préliminaire avant instruction. A Ouest-France, il avait confié que cet
agent les (les algues) déchargeaient
à mains nues et sans protection : ni masque, ni détecteur d'hydrogène
sulfuré..[13].
Le 07 Septembre le
procureur Gérard Zaug ouvre l’enquête préliminaire après avoir beaucoup hésité.
Il envoie au laboratoire alsacien Chem Tox un échantillon du sang prélevé lors
du décès du chauffeur[14]. Prélèvement qui avait été conservé, à l’hôpital de
St Brieuc, au frais dans de bonnes conditions[15]. Grâce à
cette procédure, la mort du chauffeur de la SCREG sort enfin de l’ombre et
certains journalistes de la presse régionale (Télégramme et O-F) informent,
dans le détail, les lecteurs de ce qui devient peu à peu l’affaire
Morfoisse.
Dans le même temps, par le
compte rendu du Conseil Municipal de Binic, du 08 septembre 2009, nous
apprenons que la SCREG a cessé sa prestation dans l’attente de l’enquête en
cours et faute de prestataire, ce sont les services techniques de la ville qui
font le travail de transport des plages au SMITOM[16]. Est-ce vraiment la seule raison ? En quoi,
l’enquête préliminaire implique t’elle un arrêt des activités de la
SCREG ? Ne faut-il pas voir dans cet arrêt, une mise à l’ombre des
collègues de Thierry Morfoisse, qui pourraient témoigner hors de tous
contrôles, comme ils l’avaient fait quelques mois auparavant devant une
inspectrice du travail qui avait recueilli leurs doléances[17].
►Une affaire qui devient sordide.
Le 25 septembre, la famille
Morfoisse rencontre pour la première fois le procureur Gérard Zaug, au tribunal
de St Brieuc. La convocation s’est faite au téléphone : Tout, dans cette histoire s’est fait par
téléphone, de l’annonce de la mort de notre fils à la convocation chez le
procureur, même les résultats d’analyses ne nous ont été donné qu’oralement,
nous n’avons aucune trace écrite, aucun document papier du tribunal, de la
gendarmerie. La mort de notre fils n’existe pas, c’est comme si on avait
souhaité d’un bout à l’autre, nous écarter de cette affaire[18].
Le 25 septembre le
procureur Zaug a convoqué la famille Morfoisse pour lui faire part des
résultats d’analyses de sang. Il y a effectivement de l’hydrogène sulfuré dans
le sang analysé, mais, chose incroyable, le procureur refuse d’en révéler le
taux.
Le coup de massue pour la
famille est donné lorsqu’il indique que cette analyse n’a aucune valeur car la
poche de sang qui fut analysée n’a pas été conservée (contrairement à ce qu’il
avait indiqué quelques semaines plus tôt) dans de bonnes conditions, mais à
température ambiante ! La cause de la mort retenue reste donc la mort
naturelle par infarctus et cela n’a rien à voir avec les algues vertes !
C’est, dans le cas de la
mort d’un salarié, travaillant régulièrement sur une matière aussi sensible et
potentiellement dangereuse que l’algue verte en putréfaction, une annonce
totalement incroyable. La dangerosité des algues vertes est dénoncée depuis des
années par les associations environnementales et le sujet a impacté très
durement l’image du département toute l’année écoulée. Il est impossible dans
ce cas précis qu’aucun protocole rigoureux n’ait été suivi par les gendarmes et
l’hôpital dans le cadre de la mort d’un chauffeur transportant régulièrement
des algues vertes en putréfaction[19]. Pour la famille de Thierry Morfoisse, c’est un
véritable choc. C’est aussi un grand désarroi, d’autant plus que le procureur
leur déconseille fortement tous contacts avec la presse, les syndicats ou les
associations…
Le
procureur annonce une véritable anomalie, une véritable destruction de preuve
judiciaire et n’entame même pas l’ombre d’une enquête pour en rechercher les
causes, les responsables ? Quels sont ses véritables objectifs ? Pour
Thierry Burlot c’est assez clair : Depuis le début, dans
cette affaire, tout me semble un peu invraisemblable. Depuis le début aussi, je
sais très bien que l'Etat cherche à minimiser, cherche à laisser croire ou
entendre qu'il n'y a aucun lien entre le décès et le travail que venait
d'effectuer Monsieur Morfoisse. J'ai le sentiment qu’aujourd'hui nous sommes
dans la continuité. A ce jour, les prises de sang ont parlé, elles ont
visiblement démontré qu'on y trouve de l'hydrogène sulfuré. Ce gaz se
crée par la fermentation des algues vertes. Tout ce que l'on peut nous répondre,
c'est que cela n'a rien à voir avec les algues mais que cette présence serait
liée à une mauvaise conservation d'une poche de sang ; ce qui m'apparaît
complètement inouï[20].
Un lourd doute, dans
ce contexte, reste difficile à dissiper. Et si la première information fournie
par le procureur concernant l’envoi d’un échantillon sanguin bien conservé était la vérité et qu’il
n’y ait jamais eu de fautes dans le protocole de conservation ? Cela
impliquerait que le taux d’H2S dans le sang analysé soit entièrement lié à
l’inhalation à forte dose de gaz d’algues en putréfaction transportées (et
surtout déchargées) par Thierry Morfoisse. Cette vérité pourrait expliquer
aussi pourquoi l’enquête, pour trouver fautes et erreurs dans le protocole, ne
s’est toujours pas faite, car elle est impossible à réaliser !
Le procureur ne se
limite pas, à ne pas enquêter là où il faut, il tente aussi de diviser les
parties qu’il a en face de lui, notamment sur les questions de l’autopsie et de
la politisation possible de l’affaire. Car il a bien compris que sur ces
questions, il y avait pour lui une opportunité de division. Th. Burlot souligne
cette stratégie : Je
rappelle aussi qu'il m'a mis en cause en me reprochant d'avoir émis des doutes
sur les circonstances du décès de M. Morfoisse. Il l'a notamment fait devant la
famille et par voie de presse. Je n'oublie pas[21]. C’est
cette stratégie de division du procureur qui explique les premières
déclarations des parents du chauffeur. Pour Mr Morfoisse : c’est du harcèlement écologique. (…) C’est inhumain de la part des élus de nous
mettre ainsi sous pression ![22] et
pour Mme Morfoisse : C’est bien trop
politisé, cette affaire. Mon fils, je veux qu’on le laisse en paix…[23].
Dans une autre
interview, Thierry Burlot, qui va alors se mettre en retrait pour ne pas
« politiser » l’affaire, indique : Une chose est certaine, à un moment donné, je parlerai, j'ai tout noté
depuis le début de cette affaire, les propos des uns et des autres. Parfois je
vis très mal ce sentiment que tout est fait pour ne pas rentrer dans le coeur
de l'enquête. Cette attitude de la part de la justice me déçoit beaucoup.[24]
Le 29 septembre, le
procureur fait exhumer le corps de Thierry Morfoisse, en cachette, contre la
volonté de ses parents. Il veut faire analyser le cœur et les poumons. Sa
stratégie est claire, il ne fait ces analyses que pour prouver la mort
naturelle, c’est à dire l’infarctus ! Nous fonctionnons par élimination car l'autopsie et cette
nouvelle analyse ne nous diront pas que le décès est dû aux algues vertes. (…) Si ça ne nous dit pas de quoi il
est décédé, le mystère restera entier. Et dans l'immédiat, je ne sais pas
comment nous procéderons alors[25]. L’aveu est net et sans
ambiguïté, ses investigations doivent éliminer toutes recherches de liens entre
l’H2S des algues vertes en putréfaction et les causes de l’infarctus
mortel !
Dès le 02 octobre, Claude Lesné lui
répond. Comme en 2008 et comme le mois précédant, il démontre une nouvelle fois
que l’inhalation de 500 ppm d’H2S, peut provoquer le coup de plomb du vidangeur et aussi surtout qu’à une moindre dose,
un œdème du poumon ou une crise cardiaque peut survenir[26]. Qu’à cela ne
tienne, Gérard Zaug poursuit son plan de diversion.
Quelques jours plus
tard, Carolanne, la fille de Thierry Morfoise ouvre un blog dédié à la mémoire
de son père, elle y clame son besoin de vérité sur sa mort afin que ce drame ne
se reproduise plus.
Le 09 octobre,
Thierry Burlot est contacté par le préfet qui lui demande s’il a reçu les
résultats de l’autopsie qui doivent être donnés ce jour même. Le Président du
SMITOM est très étonné, d’autant plus que le préfet lui indique que la
situation pourrait devenir compliquée et qu’il faut qu’ils se revoient
rapidement[27].
Ce n’est que le 5
novembre 2009 que le procureur communique enfin les conclusions de l’autopsie.
Thierry Morfoisse n’est pas mort à cause des algues vertes en décomposition,
mais selon ses conclusions, à cause d’une récidive d’infarctus du myocarde.
C’est à partir de cette annonce qu’il va forger cyniquement le portrait d’un
salarié mort à cause d’une mauvaise hygiène de vie. Pour lui, Thierry Morfoisse
était un gros fumeur et l’examen montre
aussi des artères bouchées par le cholestérol et autres matières de cette
nature. Les algues vertes n’ont pas contribué à son décès. Il ne peut être
établi de lien entre son décès et les algues vertes[28].
Pourtant, en tant que
chauffeur de poids-lourd, Thierry Morfoisse était régulièrement suivit par la
médecine du travail et celle-ci n’a semble-t-il jamais rien détecté d’anormal.
Concernant la nourriture, il mangeait comme ses collègues dans les mêmes routiers le midi, régulièrement aussi
chez ses parents. Il buvait très peu et fumait moins d’un paquet par jour.
D’anciens collègues de travail du chauffeur vont pourtant, à partir de cette
période, prétendre qu’il fumait jusqu’à cinq paquets de cigarettes par jour…
Cela est tellement gros, que c’en est grotesque et plus du tout crédible, mais calomniez, calomniez, il en restera toujours
quelque chose et c’est ce que compte bien le procureur en tirant ces
quelques dernières cartouches.
Les
personnes qui osent briser le silence pour s’exprimer sur ce drame deviennent
rares. François Morvan, le maire de Lanvollon est un de ceux là : Depuis le début, j'avais la certitude qu'il
y avait bien un lien de cause à effet entre le transport d'algues et le décès
de M.Morfoisse. Peut-être que M.Morfoisse avait un terrain fragile, mais s'il
n'avait pas été en contact avec les algues vertes ce jour-là, il est clair
qu'il serait aujourd'hui en vie. Il est évident qu'en déchargeant les bennes,
Thierry Morfoisse a inhalé de larges bouffées d'air pollué. On a eu beau salir
le chauffeur en disant qu'il fumait énormément, qu'il avait une hygiène de vie
inadéquate, je peux vous dire, pour l'avoir connu, que c'est faux; je le dénie
formellement ! Thierry Morfoisse, pour conserver son permis poids lourd, était
soumis à un contrôle médical régulier et sérieux. Je crois savoir qu'il avait
passé une visite peu de temps avant les faits. Je constate qu'après avoir
procédé à diverses analyses sur la dépouille, on (le parquet de Saint-Brieuc,
NDLR) a traîné les pieds pour livrer les résultats. Les examens ont été menés
en novembre et ils n'ont été rendus publics qu'il y a quinze jours. Je ne
m'avancerais pas sur ce terrain-là, mais j'ai mon idée...[29]
Pour la famille, le cauchemar se
poursuit s’amplifie, Thierry Morfoisse est calomnié, sa mémoire est salie, il
est tué une nouvelle fois.
►L’affaire est
close ?
Le 05 novembre 2009,
Gérard Zaug procède à la clôture de
l’affaire en l’absence d’infraction[30]. L’annonce est
véritablement étonnante, ou plutôt, il est véritablement étonnant que cette
annonce soit passée sans susciter de réaction, car elle relève véritablement
d’un tour de magie.
Par cette annonce, il
réduit le seul coupable d’infraction possible à l’algue verte tueuse et écarte totalement de ses
conclusions et de son jugement toutes infractions qui auraient pu être relevées
dans le domaine des conditions de travail des transporteurs de la société, dans
laquelle travaillait le salarié mort au bas de son camion. Ce tour de passe-passe est réalisé sans
provoquer de réaction, ce qui semble incompréhensible !
Pour
la famille Morfoisse, c’est l’abattement. Mr Morfoisse déclare On savait bien que les autorités cherchaient
à classer l’affaire. Quand on avait rencontré le procureur, on avait bien
compris quelles seraient les conclusions (…) Contre ces gens là on est démuni (…) Maintenant que voulez vous qu’on fasse ? On se sent pris à la gorge.
Pour la fille de la victime c’est le même désarroi C’était évident que ça serait ça. C’est des conneries de dire que mon
père était un gros fumeur ! Il ne fumait pas dans sa maison. Et sa
compagne, elle, ne fumait pas du tout. Il n’allait jamais chez le docteur !
(…) Et puis pourquoi a-t-on trouvé de
l’hydrogène sulfuré dans son sang ? Je n’ai pas les moyens de poursuivre en justice ; j’ai une petite fille et je n’ai pas
d’emploi. Mais je compte bien demander les résultats des analyses[31].
La
famille Morfoisse est désemparée, démunie face à cette machine impitoyable qui
s’est mise en marche. Eux aussi sont aveuglés par cet écran de protection crée
par le procureur Zaug les détournant des véritables causes de la mort de Thierry
Morfoisse. Ils restent bloqués sur les analyses médicales et n’abordent pas la
question des conditions de travail du chauffeur. Carolanne souhaite obtenir les
résultats d’analyses, comme un graal qui lui permettrait de faire son deuil
plus facilement. Analyses qu’aurait dû avoir légitiment, dès le début de la
procédure, la famille. Cette stratégie de rétention d’informations (importantes
pour le repos de la famille) est une victoire pour Gérard Zaug. Elle lui permet
de les détourner d’autres demandes possibles comme le fait que Thierry
Morfoisse, et ses collègues, travaillaient à mains nues, sans masque, ni
appareil de mesure des gaz, comme le dénonçait début septembre le Président du
SMITOM.
Le
05 novembre 2009, le procureur est satisfait, il a bien mené sa mission, pour
lui : C’est terminé. A la question posée par Julian Vaillant concernant un
recours possible, il répond : Seul
un proche de la victime peut agir. Il doit saisir le procureur général ou le
doyen des juges d’instruction. Mais ne peut déposer une plainte que quelqu’un
qui a intérêt. En l’espèce, qui aurait intérêt ? Sa conjointe. Ses
parents. Sa fille. Ils n’ont pas déposé plainte initialement. Je ne les vois
pas contester le classement[32].
Le
procureur a, dès le début de la procédure, bien cerné les personnes qu’il avait
en face de lui : des personnes simples, honnêtes qui n’avaient jamais eues
affaire à la Justice de leur pays avant ce drame. Les mener, comme il l’a fait,
en dépolitisant l’affaire, vers une
clôture sans suite était pour lui, au final un travail assez facile. Mais les
suites furent un peu différentes de ce qu’il avait envisagé.
►La constitution du Comité de soutien à la famille de Thierry
Morfoisse.
C’est
peu après la clôture de la procédure que des acteurs (connus et moins connus du
grand public) d’associations de défense de l’environnement, qui jusqu’à
présent, étaient restés en retrait de l’affaire, vont se manifester auprès de
la famille Morfoisse.
Claude
Lesné avait découvert le blog de Carolanne Morfoisse et l’avait signalé à André
Ollivro, le porte parole d’Halte aux Marées Vertes. Touché par la lecture du
texte[33],
il entre en contact avec la fille du chauffeur puis
rencontre ses parents. Après plusieurs entretiens où la confiance s’installe,
il est décidé de les aider dans leur recherche de vérité.
Avec
d’autres membres d’associations : Denis Baulier, d’Urgence Marées Vertes
et Thierry Dereux de FNE 22 et après avoir consulté des juristes, est crée le
06 décembre 2009, à St Brieuc, le Comité
de soutien à la famille de Thierry Morfoisse. C’est ce Comité qui assurera,
si besoin est, le soutien juridique et financier à la famille. Une conférence
de presse est tenue fin janvier 2010. Le rapport de force, face au procureur,
n’est plus le même. Il avait réussi à écarter Thierry Burlot quelques mois plus
tôt et il se retrouve face à une famille soutenue par des associatifs de la défense
de l’environnement connus et reconnus. C’est un scénario qu’il n’avait sans
doute pas envisagé.
Un
des premiers objectifs de la famille et du Comité de soutien est l’obtention
des résultats d’analyses que le procureur refuse de communiquer, pour des
raisons fallacieuses, depuis des mois à la famille. Fin janvier son discours
est totalement différent, c’est un tournant à 90° qui est effectué Si la famille nous fait des demandes, je ne
vois pas pourquoi je ne donnerais pas les résultats. Lorsqu’une enquête en
recherche sur les causes de la mort est ouverte, et que la famille exige des
précisions, nous les donnons[34].
Le
procureur Zaug ne peut plus reculer ou jouer la division et finit par
communiquer les résultats d’analyses à la famille le 25 février, plutôt
contraint et forcé par la pression décisive exercée par le Comité de Soutien
sur lui. La famille communique les documents au Comité qui les décryptes
facilement. Ils comprennent mieux pourquoi le procureur fit de la rétention de
documents. Le taux d’H2S révélé par l’analyse est très important. Il est dit
dans la conclusion qu’il y a 1,4mg/l de
sang qui indique une exposition massive à l’hydrogène sulfuré, pour autant on
ne peut totalement écarter une formation post-mortem d’H2S dans le cas où les
prélèvements biologiques n’auraient pas été conservés dans les conditions
optimales (moins de 20°)[35].
Le procureur joue l’étonnement et ne comprend
pas la nouvelle attitude « d’opposition »
de la famille[36].
Les
analyses sont confiées à Claude Lesné qui va travailler avec deux de ses
collègues spécialistes reconnus : Françoise Riou, chef du Département de Santé Publique de Rennes I
et André Picot expert européen, créateur et ancien Directeur de l’Unité de
prévention chimique au CNRS. Tous trois sont donc des personnalités
scientifiques irréprochables. Leur contre-enquête, ne remet pas en cause le
travail des experts mandatés par le procureur, mais contredit totalement les
conclusions du procureur. Car ce dernier limite son explication uniquement sur
une récidive d’infarctus en omettant de citer les deux dernières lignes du
compte rendu anatomopathologique : Ces
résultats sont cependant à interpréter en fonction des données toxicologiques[37].
Ces
lignes sont capitales car c’est l’analyse toxicologique qui a révélé la forte
concentration d’H2S (1,4 mg/l) dans le sang du chauffeur. Ce gaz est encore
plus dangereux pour les sujets fragiles ayant déjà fait un infarctus, comme
cela semble être le cas de Th. Morfoisse, même s’il ne le savait pas. Pour les
trois scientifiques, les circonstances du décès de Monsieur Morfoisse sont suffisamment explicites pour que les
représentants de l’Etat admettent à présent les faits et cessent de faire
obstacle à la reconnaissance de ce décès en accident du travail[38].
Pour Thierry Burlot qui sort de son retrait Nous
savions tous que, de par son attitude, le procureur de la République cachait
une partie de la vérité (…) Aujourd’hui,
une chose est certaine, plus rien ne pourra être comme avant. C’est de notre
responsabilité collective d’appliquer le principe de précaution pour protéger
les salariés et la population du fléau des algues vertes. Concernant
d’éventuelles instructions au procureur, « la pire des choses serait de
cacher la vérité. Il faut que toute la lumière soit faite. Tôt ou tard, la
vérité apparaît. Vis à vis de la famille de M. Morfoisse, vis à vis de M.
Morfoisse, c’est de notre devoir et notre responsabilité de faire toute la
lumière sur cette affaire[39]. Pour le Comité de
Soutien, c’est une première victoire vers la vérité.
Pour le procureur Gérard
Zaug, il n’y a pas de commentaires à faire.
Le
22 avril les parents de Thierry Morfoisse et sa fille, représentés par Maître
Cazo déposent plainte contre X, pour homicide involontaire, en s’appuyant pour
une part importante sur les analyses et conclusions de la contre-expertise de
Lesné, Riou et Picot. Le 28, ils reçoivent une ordonnance de dispense de
consignation.
Cette
dispense de consignation est le tout premier document papier officiel que
reçoit la famille Morfoisse depuis le début de la procédure, commencée (avec
l’enquête préliminaire du procureur Zaug) il y a huit mois, début septembre
2009 !
Le
28 mai 2010, ils sont reçut par la juge d’instruction Elisabeth Croize, qui
ordonne le mois suivant, à la suite de cet entretient, un nouveau rapport
toxicologique concernant la validité des résultats d’analyses de sang. Rendu le
01 août à la juge, il ne sera communiqué à l’avocat de la famille que six mois
plus tard, début 2011 ! Ce rapport toxicologique complémentaire de Vincent
Cirimele (Chem Tox), envisage toutes les possibilités à l’origine des 1,4mg/l
d’H2S dans le sang de Thierry Morfoisse. Origine liée à l’inhalation de fortes
doses d’H2S, en déchargeant des algues vertes en putréfaction ? Une
absence de conservation de l’échantillon analysé par l’hôpital de St
Brieuc ? La conjonction des deux possibilités décrites plus haut, sans
pouvoir déterminer leurs parts respectives à l’origine de ce taux
important ?
En
décembre, Maître Cazo peut annoncer qu’il a enfin pu consulter le dossier
Morfoisse. Certaines auditions (collègues de travail, chef d’entreprise et
concubine) ont été effectué, sans que cela semble vraiment avancer. Toutefois
deux éléments positifs importants sont à retenir : l’absence d’excès de
consommation de nourriture, d’alcool et de cigarettes et surtout de tous moyens
de protections et de toutes préventions contre les émanations résultant de la
récolte et de la décomposition des algues vertes, alors même que les risques ne
pouvaient pas être ignorés par l’employeur ? Ce dernier, fait par ailleurs
l’objet d’observations et d’une obligation de contrôle de la part des services
de l’Etat. Ces éléments sont importants car ils permettent de réorienter
l’enquête vers les causes plus que probables à l’origine de la mort de Thierry
Morfoisse. Causes qui furent soulevées dès août 2009 par le maire de Lanvollon
et le Président du SMITOM.
►L’Affaire Morfoisse au
Pôle Santé de Paris.
Début
2011, un double changement intervient, Maitre Cazo quitte le cabinet et le
dossier est repris par Maitre Larzul. Au Tribunal, c’est une nouvelle juge
d’instruction, Emilie Castel qui est en charge du dossier. L’optimisme
qu’affichait Maître Cazo quelques mois plus tôt, n’est plus d’actualité.
L’instruction du dossier est à l’arrêt depuis mai 2010[40]
et son dessaisissement au Pôle Santé de Paris est envisagé.
André
Ollivro, pour le Comité de Soutien, n’est pas d’accord, car c’est éloigner le
dossier alors qu’un virage semble s’être enfin amorcé dans l’instruction avec
la prise en compte des conditions de sécurité défaillantes pour les salariés de
l’entreprise : Nous avions bon
espoir que ce décès soit reconnu comme un accident du travail[41].
L’ouverture
qui s’était amorcée sur cette orientation s’est rapidement refermée et
l’instruction semble de nouveau totalement bloquée. Pour Maitre Larzul, Si la justice ne veut pas s’en occuper ici,
à St Brieuc, et si des juges veulent
faire un travail plus poussé à Paris nous n’allons pas nous y opposer.
Ce n’est pas un dépaysement qui nous fait plaisir mais si cela peut permettre
de faire avancer les choses pourquoi pas ? Ce qui nous intéresse, c’est que cette affaire ne soit pas enterrée.
Et nous nous battrons pour cela[42].
Le
20 avril 2011 le dessaisissement est signé et le dossier est transféré au Pôle
Santé Parisien. La famille n’est convoquée au tribunal de Grande Instance de
Paris que le 09 septembre par Anne-Marie Bellot, la Vice Présidente chargée de
l’instruction. L’entretient est très humain, mais le stress inévitable provoque
un évanouissement de Claude Morfoisse à la sortie du tribunal. Une nouvelle
audition de tous les témoins est projetée et des résultats sont attendus d’ici
quelques semaines, voire quelques mois.
En
fait d’auditions et de nouveautés, c’est le même scénario que celui initié par
le procureur briochin qui est appliqué à Paris avec la décision prise en avril d’engager des investigations
qui ne se limitent semble-t-il qu’à de nouvelles contre-analyses
sur le sang et les organes prélevés lors de l’autopsie de septembre 2009, par
les mêmes experts. Le 22 août Maître Larzul prend connaissance des conclusions
qui restent celles de St Brieuc en 2009.
C’est donc un retour en arrière… Initié par le juge d’instruction René Cros, le
dossier est traité à l’automne par de nouveaux juges d’instruction :
Aurélie Raymond et Anne Bamberger. Cette valse des juges d’instruction ne
permet pas un bon suivi de l’affaire et sa délocalisation ne permet pas non
plus une bonne appréciation des enjeux locaux. Encore une fois, toute
l’attention est focalisée sur les expertises et contre-expertises, sans
véritables avancées apparentes.
Les
trois experts (le professeur Le Gueut, le docteur Le Gall et Mr Cirimele)
commis par le Pôle Santé, appuient leurs conclusions sur de nouveaux dossiers
saisis à la Médecine du Travail et chez le médecin traitant faisant état de
tabagisme et d’hypertension. Autre argument, pour appuyer dans leurs
conclusions une mort d’origine naturelle : le travail du chauffeur
n’impliquait pas de contact direct avec les algues[43] !
Ce
point est totalement étonnant car entièrement faux.
Ce
dernier argument, facilement réfutable sur tous les plans (le maire de
Lanvollon, dès le lendemain de la mort du chauffeur décrivait un processus de
déchargement inévitablement dangereux pour le salarié et le Président du SMITOM
appuyait ce témoignage en précisant que cela se faisait sans masque, ni
appareil de mesure des gaz) est difficile à comprendre.
Est-ce
une erreur involontaire des trois experts, pour bien faire, pour rester dans la ligne tracée par Gérard Zaug, pour
rester dans l’axe de défense du ministère public ? Ou bien est-ce une
erreur volontaire permettant à la défense, d’appuyer, avec des arguments
incontournables, que les conditions de travail étaient véritablement très
dangereuses pour la santé et la vie des salariés et qu’elles étaient à
l’origine de l’infarctus mortel de Thierry Morfoisse ?
C’est
en tous cas sur les bases de ces dernières conclusions que semble s’élaborer,
au sein du Pôle Santé, un rejet de la plainte, dénoncé récemment par André
Ollivro, au nom du Comité de Soutien à la famille de Thierry Morfoisse, le 04
mars dernier, sur France3 Ouest. C’est pour exposer les enjeux de cette grave
éventualité, qu’est organisée, par le Comité de soutien la conférence du 10
avril prochain.
►Putain
d’algues, j’en ai marre !
Que
retenir de toute cette dramatique histoire? Un salarié consciencieux, remplace
un collègue malade, à cause des algues qu’il doit transporter. Que cette
activité, de plus en plus pénible, a déjà provoqué, dans les derniers jours,
parmi la petite équipe de chauffeurs de la SCREG, un ou deux arrêts maladie
(dont un est maquillé en RTT ?). Nous sommes au milieu de la période
estivale, les plages doivent être propres, cela doit sentir bon l’air marin et
non l’œuf pourri… Et puis Binic n’est-elle pas le grain de beauté des Côtes d’Armor à préserver ?
Thierry
Morfoisse, est constamment dans la cabine de son camion benne imposant. Il
sillonne, comme ses quelques collègues, les petites routes de la baie de St
Brieuc, la RN 12 et d’au-delà. Il ne fait pas de tourisme, mais transporte,
sans perdre de temps, toutes sortes de déchets : gravats, terres, métaux,
carcasses et restes d’abattoirs (et il y en a beaucoup sur le secteur). Il
transporte aussi des déchets verts, mais les algues vraiment…, ça n’a rien à
voir. Ses dernières paroles à sa
compagne résument bien la pénibilité de la tâche à accomplir, Putain d’algues, j’en ai marre !
Oui,
les algues vertes, comme pour les riverains des communes polluées, comme pour
les touristes qui vont voir ailleurs, constituent un véritable poison visuel et
olfactif. Alors pour les chauffeurs les transportant en putréfaction qu’est-ce
que c’est… ? Jusqu’au 22 juillet 2009, cette tâche est accomplie depuis
plus de dix ans, comme les autres transports, sans protocoles particuliers.
Pourquoi en serait-il autrement, puisque le discours officiel, d’une majorité
de décideurs locaux de la filière agro-industrielle, affirme depuis des
décennies que ce n’est pas dangereux ?
Cette
question est importante pour comprendre le cas de l’affaire Morfoisse. Car en
effet, en Bretagne et en Côte d’Armor en particulier, ce sujet est extrêmement
sensible, voire totalement tabou. Cette véritable pollution est une des
conséquences d’un modèle agricole breton destructeur. Les intérêts financiers
privés, de toute cette filière, sont colossaux et les conséquences pour les
finances publiques (quelles soient locales ou nationale) aussi. Ce constat
transcende les partis politiques, il n’y a pas de véritables frontières. Pour
les conseillers de Chantal Jouanno, il était, en août 2009, beaucoup moins
coûteux pour la collectivité nationale de financer la reconversion de ce modèle
vers un mode de production plus respectueux de l’environnement, que de
continuer à payer les pots cassés d’un modèle intensif en crise profonde et à
bout de souffle.
Mais
les esprits ne sont pas prêts à affronter cette mutation nécessaire. Bien au
contraire, le décret Le Fur qui nait,
justement dans ce contexte et à cette période, fut reporté à fin 2013 par
Fillon et signé par le gouvernement Ayrault. En application depuis le 1er
janvier 2014, il marque la victoire des jusqu’au-boutistes de la production de
masse intensive. Il vaut mieux produire de la protéine bas de gamme aux
kilomètres pour l’exportation, avec toutes ses conséquences sociales et
environnementales pour la Bretagne, que de la qualité, en moins grande
quantité, dans des conditions plus respectueuses du vivant.
La
mort de Thierry Morfoisse en plein été 2009, sur le chemin d’un quatrième
transport d’algues vertes en putréfaction a provoqué un choc immédiat, car le
danger sanitaire qui avait été annoncé par les associations environnementales
depuis des années et dénoncé par Thalassa quelques mois plus tôt, prenait hélas
une forme concrète et dramatique. Comme le soulevait Thierry Burlot, cette mort
impactait toute la filière de l’agro-industrie bretonne. Mais pas seulement,
car cette pollution ne touche pas qu’une filière, elle impacte aussi tous les
échelons de l’Etat et tout un territoire. C’est cette imbrication de toutes les
responsabilités possibles que révèle cet accident du travail caché pendant plus
d’un mois. C’est cet ensemble de conséquences qui explique la venue du Premier
Ministre François Fillon, à St Michel en Grève et les inquiétudes de Thierry
Burlot pour les collectivités.
L’accident
du travail de Thierry Morfoisse est un révélateur tragique du danger sanitaire
constitué par les algues vertes, conséquence directe d’un modèle de production.
Le lendemain de sa mort, ce danger mortel est dénoncé par le maire de Lanvollon
et le surlendemain, les chauffeurs la SCREG étaient équipés de masques et de
détecteurs de gaz.
Que
dire d’autre ? Si ce n’est s’interroger sur la stratégie du procureur
briochin pour étouffer l’affaire. Evacuer ainsi au cours des mois tous les
éléments probants contraires à sa version, jusqu’à en user la corde aux extrêmes
limites, jusqu’à diviser les parties en face de lui, puis jusqu’à calomnier la
victime. Tout cela est disons, au mieux, maladroit. Car même sur ce terrain là,
sa stratégie ne fonctionne pas. Son principal et dernier argument pour retenir
la mort naturelle de Thierry Morfoisse est sa mauvaise hygiène alimentaire (il
mangeait pourtant comme ses collègues et sa famille) et un fort tabagisme. Si
l’on suit bien l’argument du procureur, Thierry Morfoisse était un danger pour
lui-même…
Il
faut alors, sur ce point, poursuivre le raisonnement du procureur jusqu’au
bout, car dans ce cas, il y a un gros problème, que soulevait déjà François
Morvan, le maire de Lanvollon, au lendemain de la mort de Thierry Morfoisse. Ce
salarié avait un métier particulier, c’était un chauffeur de poids lourd. Il
avait un métier impliquant une responsabilité importante vis à vis de la
sécurité publique. Il ne se contentait pas de conduire son camion sur des
chantiers à basses allures. Il conduisait constamment son poids lourd sur les
petites routes du département, traversait des villages et des villes,
empruntait la RN12, sans perdre de temps. Sa vigilance devait être constante
car au moindre pépin, cela pouvait être la catastrophe : une collusion
avec d’autres véhicules, la perte de contrôle du sien, faucher un cycliste sur
la route, des passants dans un bourg, des enfants à une sortie d’école etc..
Thierry
Morfoisse (comme ses collègues) avait un métier à responsabilité et à risque
pour lequel il était régulièrement et sérieusement suivit par la Médecine du
Travail et si celle-ci avait décelé le moindre risque, elle l’aurait arrêté du
fait même de son métier à forte responsabilité pour autrui. Thierry Morfoisse
n’était pas un grand fumeur travaillant des dossiers dans un bureau, comme le
procureur.
Dans
le cas de l’accident du travail de Thierry Morfoisse, son aptitude physique et
médicale l’autorisant à exercer son métier de chauffeur poids lourd ne
dépendait pas de sa responsabilité ou de celle de l’entreprise qui l’employait,
mais des services de la Médecine du Travail.
Dans
un cas comme dans l’autre, les responsabilités, du fatal accident du travail de
Thierry Morfoisse, ne peuvent hélas qu’être multiples. C’est pourquoi, il ne
faut pas perdre de vue les premières réactions du maire de Lanvollon et celle
du Président du SMITOM de Launay-Lantic qui pointaient avec lucidité la
nouvelle problématique qu’impliquait cet accident mortel. Ce dossier des algues vertes prend une nouvelle tournure… pour la santé
publique de tout un chacun, c’est un sujet dangereux déclarait Thierry
Burlot, dès le lendemain de la venue, à St Michel en Grève, du Premier Ministre
François Fillon, en août 2009. Puis il poursuivait, comme nous l’avons vu, au
début de ce triste récit : Qui
demain sera responsable s’il y a de nouveaux drames ? (...) Peut-on garantir en tous temps la sécurité
des ouvriers qui vont travailler autour de ces produits[44]. C’est effectivement la principale
problématique que ce tragique accident du travail soulève. Elle est réglée dès
le surlendemain par la SCREG qui a équipé tous ses chauffeurs de masques et
détecteurs d’H2S, en juillet 2009. En 2014, cette dramatique problématique
demande une réponse équitable de la justice pour la famille du chauffeur mort
au bas de son camion.
La
famille Morfoisse est convoquée au Tribunal de Grande Instance de Paris le 25
avril prochain. C’est, pour elle, la première entrevue avec un juge
d’instruction du Pôle Santé de Paris, depuis près de vingt mois d’attente et de
doutes. Il faut souhaiter qu’une solution judiciaire, enfin juste, soit trouvée
dans cette affaire dramatique. Il faut souhaiter et le dossier le permet
amplement, que la défense des intérêts de l’Etat, à tous ses niveaux, s’ouvre
sur plus de justice pour la mémoire salie de Thierry Morfoisse et de sa
famille. Télécharger le document en pdf
[1].
Qu’avait déjà transporté le matin de sa mort Thierry
Morfoisse ? Des algues, comme nous l’a déclaré son père ou d’autres types
de déchets ?
[2]. Syndicat Mixte
Intercommunal de Traitement des Ordures Ménagères.
[3]. Algues Vertes, une
enquête ouverte, Arnaud Morvan et Julien Vaillant, Le Télégramme, 08 09 2009.
[4]. Algues
Vertes, vers un scandale sanitaire, Soazig
Quéméner, Journal du Dimanche, 12 09 2009.
[5].
Témoignages de la fille et des parents de Thierry Morfoisse.
[6]. Dès les premiers jours
après la mort du salarié de la SCREG, les relations entre sa famille (qui se
réduit à ces parents et sa fille) et sa compagne sont coupées.
[7]. Octobre 2007 est aussi
une période importante car le 25, le Tribunal Administratif de Rennes établit
le lien entre pollution agricole et algues vertes et avancée considérable, fait
descendre le seuil acceptable de nitrate de 50 mg / l, à entre 5 et 10 mg/ l. A
moins de 5 mg de nitrate/l, les algues vertes ne peuvent plus se développer.
C’est une victoire pour les associations environnementales car cela implique un
nouveau modèle de production. La décision du tribunal est combattue par
l’ensemble de l’agro-industrie intensive et le Gouvernement qui fait appel de
la décision dès le 21 décembre.
[8]. Vincent Petit veille,
avec une grande attention, à la conservation des échantillons de son cheval
pour les analyses qu'il fait pratiquer par deux labos différents et porte
légitiment plainte.
[9]. Il a été mis au courant
du drame par François Morvan, le maire de Lanvollon.
[10]. YouTube, interview mise
en ligne le 21 08 2009
[11]. Un ramasseur. « Le
masque on devrait nous l’imposer », interview recueillie par Julien
Vaillant, Télégramme 08 09 2009.
[12]. Mort du Chauffeur,
réaction de Thierry Burlot, Le Télégramme, 11 09 2009
[13]. Algues Vertes,
questions autour d’un décès, Bruno Alvarez, Jean-Yves Hinault, Ouest-France
05-06/09/ 2009.
[14]. Deux prélèvements
furent effectués au moment du décès. Le premier fut utilisé pour l’analyse
d’alcoolémie qui était négatif et le second en cas d’analyses ultérieures.
[15]. Quatre mois de doutes
et de craintes, Arnaud Morvan et Julien Vaillant, Le Télégramme, 08/12/2009.
[16]. Mairie de Binic, compte
rendu du CM du 08 septembre 2009.
[17]. Affaire Morfoisse.
L’avocat veut poursuivre le combat judiciaire, Julien Vaillant, Le Télégramme,
09/04/11.
[18].
Témoignage de Claude Morfoisse.
[19]. A la question de Julien
Vaillant concernant ses présentations contradictoires sur la conservation de
l’échantillon de sang, il se contente de répondre : Les gendarmes m’ont dit que le sang avait été conservé au frigo mais,
le jour de la réquisition, nous nous sommes rendu compte que le flacon était
resté dans une armoire. Décès suspect : le procureur clôt l’affaire,
Julien Vaillant, Le Télégramme, 06/11/2009.
[20]. Algues
Vertes et décès suspect d’un salarié : précisions… Le Post.fr, T. Burlot,
02/10/2009.
[21]. La cause « quasi
certaine » du décès d’un chauffeur, Le Télégramme, 02/03/2010.
[22]. Algues vertes. Une
enquête ouverte, Arnaud Morvan, Julien Vaillant, Le Télégramme, 08/09/2009.
[23]. Algues Vertes, vers un
scandale sanitaire, Journal du Dimanche, 12/09/2009.
[24]. La cause « quasi
certaine » du décès d’un chauffeur, op.cit..
[25]. Le corps du chauffeur
autopsié, Julien Vaillant, Le Télégramme, 01/10/2009.
[26]. Les propos du procureur
remis en cause, Julien Vaillant, Le Télégramme, 02/10/2009.
[27]. Quatre mois de doutes
et de craintes, Julien Vaillant et Arnaud Morvan, Le Télégramme, 08/12/2009.
[28]. Algues Vertes. Décès
suspect : le procureur clôt l’affaire, Julien Vaillant, Le Télégramme,
06/11/2009.
[29]. La cause « quasi
certaine » du décès d’un chauffeur, Le Télégramme, 02/03/2010.
[30]. Algues Vertes, Décès
suspect : le procureur clôt l’affaire, julien Vaillant, Le Télégramme,
06/11/2009.
[31]. Ibid., Arnaud Morvan.
[32]. Ibid., Julien Vaillant.
[33]. Ce drame a replongé le
militant dans un drame familiale remontant aux années Trente où son grand-père
cheminot, fut broyé par un train en gare de St Brieuc et dont la mort ne fut
pas reconnue comme accident du travail.
[34]. On veut savoir de quoi
est mort notre fils, Jean-Yves Hinault, OF 21/01/2010.
[35]. Algues : le doute
autour du décès du chauffeur, Catherine Lemesle, 26/02/2010.
[36]. Ibid..
[37]. Décès suspect, les
algues incriminées par trois experts, Julien Vaillant et Arnaud Morvan, Le
Télégramme, 06//03/2010.
[38]. Les algues vertes sont
la cause quasi certaine du décès du chauffeur breton, Gérard Borvon, 08 /03/
2010.
[39]. La cause
« quasi certaine » du décès d’un chauffeur, op.cit..
[40]. L’inspectrice du
travail n’a pas été entendue, ni confrontée aux salariés qui ont modifiés leurs
témoignages, il n’y a pas d’investigations à propos de la conservation ou non
conservation de l’échantillon de sang, rien sur l’origine des vomissements de
Thierry Morfoisse, rien sur les taux d’H2S au moment du déchargement, Affaire
Morfoisse. L’avocat veut poursuivre le combat judiciaire, Julien Vaillant, Le
Télégramme, 09/03/2011.
[41]. Le
dossier Morfoisse transféré à Paris ? Julien Vaillant, Le Télégramme,
31/03/2011.
[42]. L’avocat
veut poursuivre le combat judicaire, op. cit..
[43]. Les algues vertes,
Affaire Morfoisse : vers un non lieu ? Julien Vaillant, 06/ 10/ 2012.
[44]. Voir note 10.