L’alchimie des marées vertes !
L’opinion commune pense non sans raison qu’exploiter au mieux l’effet d’aubaine, surtout quand on fait d’un mal un bien, est une manifestation d’intelligence. Après tout, ne répète-ton pas que s’adapter à une situation nouvelle en surmontant les obstacles qu’elle oppose est la meilleure preuve de cette intelligence ? Alors, quand en plus, on en tire profit, quoi de mieux !
Appliquons cette règle aux marées vertes et autres débordements d’algues sur les plages. Elles sont au mieux une gène, au pire un danger sanitaire par leur putréfaction. Leur ramassage a un coût. Alors, mettez un industriel sur le coup. Il les ramassera pour lui, et le coût écologique, sanitaire et économique baissera d’autant. Qui ne souscrirait à pareil raisonnement ? On comprend pourquoi les pouvoirs publics font des ponts d’or à tous ceux qui prétendent valoriser ces déchets.
Paradoxalement, ce raisonnement n’est pas trop simple, mais au contraire bien compliqué. Et en cette matière comme en d’autres, il faut privilégier la simplicité. Celle-ci commande de remédier aux causes qui créent ce mal, ici l’agriculture intensive et les excédents de nitrates qui parviennent à la mer. Point. On sait ce qu’il faut faire. Donc, il faut le faire.
D’où viennent ces complications qui semblent pourtant frapper du bon sens ? Précisément de la volonté de ne pas faire. Et comme on ne s’attaque pas au mal, ici les excédents de nitrates, l’aubaine consiste à changer la figure du mal par tout un jeu de langage et par un changement des représentations. Voilà comment un déchet nocif devient une source de richesses. Quel aveu ! Comment mieux dire qu’on s’accommode de cette situation qui pose problème, en ne le résolvant pas mais en s’assurant qu’il dure, puisqu’on en tire profit !
L’intelligence est bien cette capacité à s’adapter à des situations nouvelles problématiques auxquelles on n’a pas été préparé, ici l’échouage massif d’algues sur les plages. Et valoriser ces échouages, c’est subir la situation en donnant le change de l’avoir surmontée. Tout le contraire d’une adaptation qui évalue lucidement les obstacles, pour les écarter. Bref, tout le contraire de l’intelligence… Chacun appellera cela comme il l’entend. !
Mais le manque de perspicacité ne s’arrête pas là. Ces décideurs publics, non contents d’entretenir ce mal qu’ils demandent à tous de voir comme un bien, en crée un autre plus pervers. Les voilà tout entiers aux mains de ces industriels, Olmix et autres, dont ils ont tant besoin, et à qui ils doivent tant. Sans eux, plus de change, plus d’entourloupe, obligés qu’ils sont de revenir à la réalité si dérangeante pour eux : ces algues sont là, puisqu’on ne fait rien ou si peu pour qu’elles n’y soient plus. Les voilà devenus les pâles serviteurs de ces bonimenteurs qui, au mieux, n’useront que de quelques pour cent des algues échouées, et qui, pour ce service, exigeront toujours plus d’argent public, celui-là que chacun de nous apporte à la collectivité pour son mieux-être.
On peut sourire des alchimistes qui, au Moyen-Âge recherchaient la pierre philosophale transmutant les métaux vils en or. Il ne faut plus sourire quand aujourd’hui de biens piètres décideurs politiques cachent leur veulerie, ne pas s’attaquer à l’agriculture industrielle à l’origine de ces échouages d’algues, par des postures qui empruntent plus à Guignol qu’à l’alchimie dans leur vaine tentative de nous faire passer des monceaux de déchets nocifs pour des perles rares. !
Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor
L’opinion commune pense non sans raison qu’exploiter au mieux l’effet d’aubaine, surtout quand on fait d’un mal un bien, est une manifestation d’intelligence. Après tout, ne répète-ton pas que s’adapter à une situation nouvelle en surmontant les obstacles qu’elle oppose est la meilleure preuve de cette intelligence ? Alors, quand en plus, on en tire profit, quoi de mieux !
Appliquons cette règle aux marées vertes et autres débordements d’algues sur les plages. Elles sont au mieux une gène, au pire un danger sanitaire par leur putréfaction. Leur ramassage a un coût. Alors, mettez un industriel sur le coup. Il les ramassera pour lui, et le coût écologique, sanitaire et économique baissera d’autant. Qui ne souscrirait à pareil raisonnement ? On comprend pourquoi les pouvoirs publics font des ponts d’or à tous ceux qui prétendent valoriser ces déchets.
Paradoxalement, ce raisonnement n’est pas trop simple, mais au contraire bien compliqué. Et en cette matière comme en d’autres, il faut privilégier la simplicité. Celle-ci commande de remédier aux causes qui créent ce mal, ici l’agriculture intensive et les excédents de nitrates qui parviennent à la mer. Point. On sait ce qu’il faut faire. Donc, il faut le faire.
D’où viennent ces complications qui semblent pourtant frapper du bon sens ? Précisément de la volonté de ne pas faire. Et comme on ne s’attaque pas au mal, ici les excédents de nitrates, l’aubaine consiste à changer la figure du mal par tout un jeu de langage et par un changement des représentations. Voilà comment un déchet nocif devient une source de richesses. Quel aveu ! Comment mieux dire qu’on s’accommode de cette situation qui pose problème, en ne le résolvant pas mais en s’assurant qu’il dure, puisqu’on en tire profit !
L’intelligence est bien cette capacité à s’adapter à des situations nouvelles problématiques auxquelles on n’a pas été préparé, ici l’échouage massif d’algues sur les plages. Et valoriser ces échouages, c’est subir la situation en donnant le change de l’avoir surmontée. Tout le contraire d’une adaptation qui évalue lucidement les obstacles, pour les écarter. Bref, tout le contraire de l’intelligence… Chacun appellera cela comme il l’entend. !
Mais le manque de perspicacité ne s’arrête pas là. Ces décideurs publics, non contents d’entretenir ce mal qu’ils demandent à tous de voir comme un bien, en crée un autre plus pervers. Les voilà tout entiers aux mains de ces industriels, Olmix et autres, dont ils ont tant besoin, et à qui ils doivent tant. Sans eux, plus de change, plus d’entourloupe, obligés qu’ils sont de revenir à la réalité si dérangeante pour eux : ces algues sont là, puisqu’on ne fait rien ou si peu pour qu’elles n’y soient plus. Les voilà devenus les pâles serviteurs de ces bonimenteurs qui, au mieux, n’useront que de quelques pour cent des algues échouées, et qui, pour ce service, exigeront toujours plus d’argent public, celui-là que chacun de nous apporte à la collectivité pour son mieux-être.
On peut sourire des alchimistes qui, au Moyen-Âge recherchaient la pierre philosophale transmutant les métaux vils en or. Il ne faut plus sourire quand aujourd’hui de biens piètres décideurs politiques cachent leur veulerie, ne pas s’attaquer à l’agriculture industrielle à l’origine de ces échouages d’algues, par des postures qui empruntent plus à Guignol qu’à l’alchimie dans leur vaine tentative de nous faire passer des monceaux de déchets nocifs pour des perles rares. !
Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor