Communiqué du 11 avril 2013 d'André POCHON, ancien éleveur, auteur de "La prairie à base de trèfle blanc" et "le scandale de l'agriculture folle"
Dans les
années 50-60, la révolution fourragère avait incité les éleveurs à nourrir
leurs vaches au pré : l’herbe, fourrage équilibré, permettait de produire
beaucoup de lait à l’hectare sans complément alimentaire.
Période faste
où les campagnes sont sorties de la pauvreté, l’exploitation rationnelle des
herbages en étant le fer de lance.
Hélas, à la
fin des années 60, sous l’impulsion de la Politique Agricole Commune (P.A.C.),
le maïs-fourrage et le soja, tous deux importés des USA, supplantent l’herbe
pour l’alimentation des ruminants ; le nouveau système fourrager va
s’implanter partout : désormais, point de lait sans maïs !
Cette nouvelle révolution fourragère est
favorisée par la P.A.C.
signée par les six membres de la Communauté Européenne en 1962. En effet, la
P.A.C. garantit le prix de la viande et du lait aux éleveurs européens,
cependant que le soja indispensable pour équilibrer le maïs en protéines est
importé sans taxe. L’éleveur se trouve
dans cette situation extraordinaire de nourrir ses animaux avec de l’aliment au
prix mondial alors que la viande et le lait sont payés au prix garanti
européen, soit le double !
Aujourd’hui, cette situation est derrière
nous ; sous la pression de la demande des pays
émergents comme la Chine et l’Inde, les prix mondiaux des céréales et
particulièrement du soja explosent : le soja est passé de 250 € à 500
€uros la tonne !
Du coup,
produire du lait avec du maïs-fourrage et du soja devient extrêmement coûteux :
il faut 2 tonnes de soja pour équilibrer un hectare de maïs, soit désormais
1000 €uros !
Le prix du
lait n’augmente pas suffisamment pour combler cette augmentation considérable
du prix du soja, d’où la crise. C’est la fin du système fourrager maïs-soja
initié par la P.A.C. de 1962 et conforté en 1992 par une prime au maïs-fourrage
de 400 €uros l’hectare, qui n’existe plus.
L’herbe, elle, n’a jamais eu de prime.
Les éleveurs
qui nourrissent leurs vaches à l’herbe, fourrage riche en protéines, n’ont que
faire du prix du soja et ne sont pas en crise.
La réalité
économique est incontournable : les vaches à 10 000 litres bourrées
de maïs, soja et concentrés ne sont plus rentables ; pour gagner sa vie en
produisant du lait, c’est désormais avec des vaches à 6 000 litres
pâturant des herbages bien gérés.
Allons-nous pleurer sur la disparition du
maïs ?
Non, avec la prairie c’est notre autonomie
en protéines, l’arrêt des pesticides et des engrais azotés, la fin des algues
vertes et le retour à de la viande et du lait riches en oméga 3, au contraire de ceux produits avec des
vaches alimentées au maïs-soja qui ont contribué, depuis 40 ans, à
l’appauvrissement des sols et au
développement des cancers, de l’obésité, du diabète !
Le projet de
réforme 2013 de la P.A.C. qui maintient
le versement de la prime aux céréaliers va « booster » l’abandon
de l’élevage au profit des céréales. Un vrai scandale !